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Les forêts françaises sous pression : incendies, sécheresse et exploitation

Les forêts françaises sous pression : incendies, sécheresse et exploitation

Les forêts françaises sous pression : incendies, sécheresse et exploitation

Forêts françaises : écosystèmes en péril

Des Landes à l’Alsace, du Massif central aux contreforts alpins, les forêts françaises sont plus que de simples décors verts : elles abritent une biodiversité précieuse, régulent le climat local, stockent du carbone, filtrent l’air et l’eau… Bref, elles rendent des services écosystémiques essentiels. Pourtant, ces géants silencieux sont aujourd’hui sous pression, confrontés à une triple menace : incendies de plus en plus fréquents, sécheresse aggravée par le dérèglement climatique, et surexploitation. Mais faut-il pour autant céder au fatalisme ? Ou sommes-nous encore à temps pour inverser la tendance ?

Incendies : un danger qui gagne du terrain

Si les incendies de forêt ont longtemps été l’apanage du pourtour méditerranéen, la donne est en train de changer. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2022, près de 72 000 hectares ont brûlé en France — un record depuis plus de 30 ans. Et ce n’est pas uniquement dans le sud que cela se passe. Des départements comme la Gironde, la Bretagne ou le Jura, jusqu’alors relativement épargnés, subissent désormais des départs de feu plus fréquents et plus intenses.

Pourquoi une telle recrudescence ? Plusieurs facteurs sont en cause :

Le défi, c’est qu’on ne peut pas simplement « laisser brûler » ces forêts. Outre les pertes en biodiversité, les incendies relâchent aussi du carbone dans l’atmosphère, aggravant le réchauffement climatique. Un véritable cercle vicieux.

Sécheresse : des arbres à bout de souffle

Autre facette de la crise : la sécheresse chronique qui affaiblit les défenses naturelles des forêts. De nombreux massifs français, notamment le Morvan ou les Vosges, montrent des signes inquiétants : dépérissement des feuillus, brunissement des conifères, apparition de ravageurs comme le scolyte. En Alsace, certaines parcelles de sapins ont été entièrement décimées en seulement quelques années.

Les conséquences sont multiples :

Face à cela, certaines collectivités expérimentent de nouvelles essences, comme le cèdre de l’Atlas ou le pin laricio de Corse, réputés plus résistants à la sécheresse. Mais introduire une nouvelle essence en forêt ne se fait pas à la légère : il faut 30 à 50 ans pour savoir si ce pari a été gagnant.

Exploitation intensive : forêt ou usine à bois ?

Parlons de ce qui fâche : la fréquence et l’intensité des coupes forestières ont considérablement augmenté. Dans certaines forêts publiques mais surtout privées, on observe une logique de rentabilité qui s’apparente à celle d’un champ de maïs. D’immenses parcelles sont rasées, puis replantées en monoculture, souvent en douglas, un conifère à croissance rapide plébiscité pour sa rentabilité économique.

Mais à quel prix ?

Et ce n’est pas un hasard si de plus en plus de collectifs citoyens s’opposent à ces pratiques. En Ardèche, par exemple, un groupe d’habitants a bloqué l’accès à une zone menacée de coupe rase pour protester contre une reforestation standardisée. Leur message ? “Oui aux forêts, non aux champs d’arbres”. Tout est dit.

Peut-on encore sauver nos forêts ?

Heureusement, des pistes d’action concrètes existent. La forêt française n’est pas condamnée, à condition de changer de modèle rapidement. Voici quelques leviers d’espoir :

Des initiatives inspirantes fleurissent un peu partout. En Bretagne, l’Office national des forêts teste une gestion plus participative, où les usagers (promeneurs, naturalistes, élus locaux) peuvent donner leur avis sur les plans de coupe. À l’échelle individuelle, des groupements forestiers citoyens permettent à chacun d’acheter et gérer collectivement une parcelle de forêt dans une optique écologique. Le collectif “Forestiers du Monde” mène ce type de projet depuis 2004 avec des résultats probants.

Que peut-on faire à notre échelle ?

Vous n’êtes pas propriétaire forestier ni élu local ? Pas de panique. Protéger les forêts commence aussi par de petits gestes :

Car c’est bien là l’enjeu : ne plus considérer la forêt comme une ressource inépuisable ou un simple fond de carte postale, mais comme un organisme vivant, complexe, et désormais fragile. Le futur de nos forêts dépend des choix que nous faisons aujourd’hui. Enracinons-les dans la conscience collective avant qu’il ne soit trop tard.

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