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PFAS : état de lieux en France

PFAS : état de lieux en France

PFAS : état de lieux en France

PFAS en France : petite molécule, grands soucis

Ils se cachent dans nos vêtements, notre eau, nos batteries, nos poêles antiadhésives et même dans le sang de la faune sauvage. Les PFAS, ou substances per- et polyfluoroalkylées, sont partout. Et c’est bien là le problème. Leur surnom, « polluants éternels », n’est pas une exagération : ils s’accumulent dans l’environnement, dans les organismes vivants, et ne se dégradent que très lentement — si tant est qu’ils se dégradent.

Alors, où en est-on aujourd’hui en France sur ce sujet brûlant ? Depuis quelques années, les PFAS font l’objet d’une attention croissante tant des scientifiques que du grand public. Et il était temps.

C’est quoi exactement, les PFAS ?

Les PFAS forment une famille de plusieurs milliers de composés chimiques synthétiques, utilisés depuis les années 1940. Leur particularité ? Une chaîne d’atomes de carbone liée à des atomes de fluor, ce qui leur donne une durée de vie exceptionnelle dans l’environnement. Grâce à ces propriétés, les PFAS sont imperméables à l’eau, aux graisses et à la chaleur.

On les retrouve dans une multitude de produits du quotidien : emballages alimentaires, textiles déperlants, cosmétiques, revêtements antiadhésifs, mousses anti-incendie, et même dans la fabrication de semi-conducteurs. Résultat : ils se retrouvent aussi… dans notre environnement, notre alimentation et nos corps.

Un problème environnemental et sanitaire d’ampleur

Pourquoi tout le monde (ou presque) tire la sonnette d’alarme aujourd’hui ? Parce que la persistance des PFAS leur permet de s’infiltrer dans les écosystèmes et d’être détectés à des niveaux significatifs dans l’air, l’eau et le sol — mais aussi dans le lait maternel, le sang humain, ou le foie des ours polaires du Grand Nord. Une récente étude française estime que pas moins de 17 millions de Français pourraient être exposés à de l’eau contaminée par des PFAS.

Sur le plan sanitaire, les données s’accumulent. De nombreuses études ont mis en évidence un lien entre l’exposition aux PFAS et des effets néfastes sur la santé : troubles hormonaux, perturbation du système immunitaire, cancers, baisse de la fertilité, retards de développement chez l’enfant… Même à de faibles doses, certains PFAS peuvent être toxiques.

Ce qui les rend encore plus redoutables, c’est leur capacité à voyager loin de leur source. Un rejet industriel dans une rivière en amont, et ce sont des dizaines de kilomètres de berges et de nappes phréatiques qui peuvent être contaminés. Leur invisibilité et leur ubiquité les transforment en ennemis particulièrement difficiles à traquer.

PFAS en France : un état des lieux inquiétant

En France, les premières alertes sérieuses ont été lancées par des scientifiques et des journalistes d’investigation. En 2022, une enquête menée conjointement par Le Monde et Le Guardian révélait l’ampleur de la contamination autour du site industriel de Pierre-Bénite, dans la région lyonnaise. Là-bas, l’entreprise Arkema a rejeté pendant des décennies des PFAS dans le Rhône, provoquant une pollution massive de l’eau, des sols, et des riverains.

Depuis, plusieurs zones sensibles ont été identifiées :

En avril 2023, c’est encore une enquête journalistique qui secoue l’opinion : une cartographie participative des zones contaminées par PFAS voit le jour grâce à un consortium européen de médias. La France y apparaît comme une zone « aveugle » : peu de données disponibles, peu de transparence de la part des industriels et des autorités, mais vraisemblablement une pollution étendue.

Un cadre réglementaire en construction

Face à l’ampleur du problème, l’Europe a mis en place diverses régulations. Depuis 2020, l’UE a interdit certains PFAS, notamment le PFOA (acide perfluorooctanoïque), reconnu toxique. Mais comme souvent avec les substances chimiques, la parade arrive souvent après coup : on interdit un composé, remplacé aussitôt par un cousin chimique un brin différent… mais tout aussi persistant.

En France, un tournant semble s’opérer. Le gouvernement a présenté en janvier 2024 un plan national d’action contre les PFAS, articulé autour de trois axes :

Mais le compte n’y est pas encore. Les ONG environnementales, comme Générations Futures ou le Réseau Environnement Santé, estiment que la réaction française reste timide et insuffisamment préventive. D’autant que les industriels cherchent parfois à freiner ou minimiser l’étendue de la pollution.

Et nous, citoyens ? Que peut-on faire ?

Face à un enjeu aussi systémique, on pourrait se sentir impuissant. Mais ne baissons pas les bras. D’abord, en tant que consommatrices et consommateurs, nous avons un pouvoir. Bien que l’étiquetage ne soit pas toujours explicite, certains réflexes peuvent réduire notre exposition :

Ensuite, en tant que citoyen.ne, nous pouvons exiger la transparence. Des associations et collectifs locaux se battent pour des cartographies précises, pour des contrôles accrus, pour un droit à l’information. Soutenir ces démarches, c’est aussi faire bouger les lignes.

Transformer la prise de conscience en levier de changement

Le dossier PFAS, c’est un peu comme une lente bombe à retardement. Une pollution encaissée sur des décennies, souvent ignorée, parfois sciemment dissimulée — et aujourd’hui, des impacts concrets, mesurables, sur notre santé et nos écosystèmes.

C’est aussi une opportunité. Celle de repenser notre rapport aux substances chimiques de synthèse. De remettre à plat les priorités de l’industrie chimique. Et, soyons réalistes, de rééquilibrer le rapport de force entre bénéfices économiques à court terme… et coûts sociaux et environnementaux à long terme.

Ce qu’on sait aujourd’hui des PFAS doit enclencher un moteur collectif : nous devons renforcer la réglementation, accompagner les industriels vers des alternatives plus sûres, investir dans la recherche indépendante et, surtout, donner à chacun les moyens de se protéger et d’agir.

Parce qu’à l’heure où on parle de transition écologique, de respect du vivant et de justice environnementale, les polluants éternels n’ont plus leur place. Et vous, êtes-vous prêt·e à les chasser de votre quotidien ?

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